Le championnat d'Europe ayant disparu, nous avons choisi de courir en championnat national espagnol en 2017, dont la saison débute à Valence.
C'est l'occasion de situer notre niveau de performance au sein du plateau car nous n'en connaissons qu'une partie et elle impressionne.
N'ayant pu obtenir la nouvelle ZX10RR dans un délai raisonnable nous avons renoncé et décidé d'utiliser la moto de l'an dernier. Nous avons eu de bons échos de cette nouvelle moto, les marques concurrentes sortent aussi de nouveaux modèles toujours plus performants, nous espérons que notre ZX10R 2016 ne souffrira pas trop de la concurrence.
Les essais hivernaux se sont résumés à trois jours à Valence en Janvier pour évaluer tous les manufacturiers pneumatiques et à deux jours d'essais Dunlop, puisque nous avons finalement choisi cette marque, à Albacete il y a deux semaines.
Les essais d'Albacete se sont très mal déroulés avec des gros problèmes de chattering insolubles. Nous n'y avons donc rien testé du tout et arrivons à Valence avec une grosse appréhension et une feuille de réglage blanche.
Jeudi et Vendredi, les essais libres.
L'allocation de pneumatiques nous pose problème, en effet nous n'avons pas de pneus usés pour commencer à travailler et devons donc utiliser des pneus neufs or nous n'avons, par exemple que trois pneus arrières soft disponibles, pour deux courses et deux séances chronométrées. Impossible de les utiliser pour les essais.
Pas de chattering pour l'instant, nous ne sommes pas surs que cela découle des modifications apportées à la moto mais sommes soulagés.
Les pneumatiques Dunlop sont très différents des Michelin de l'an dernier, la moto requière des réglages spécifiques, nous progressons pas à pas, les chronos descendent et Pierre améliore son record sur le circuit dès le premier jour.
Samedi, les essais qualificatifs.
Il nous reste un pneu médium, pour lequel nous avons un réglage satisfaisant, un pneu de qualification et un soft que nous n'avons encore jamais testé.
Nous choisissons donc d'utiliser le médium et le pneu de qualification pendant la première séance puis de travailler sur le pneu soft, qui est susceptible d'être le pneu de course, en seconde séance.
Les séances d'essais ne durent que trente minutes, nous ne pourrons donc pas travailler sur l'analyse des données en cours de séance comme nous en avions l'habitude.
Pierre roule une demi-seconde moins vite que la veille, nous hésitons puis décidons tout de même de passer notre unique pneu de qualification qui devrait lui permettre de faire deux tours avec une adhérence parfaite.
Pierre améliore d'une seconde en 1'36.5 et se classe huitième temps de la première séance.
Nous avons enfin un aperçu de notre niveau vis a vis de la concurrence, le top dix c'est plutôt bien dans ces conditions.
Les responsables de Dunlop sont surpris et ravis de cette performance et nous propose un second pneu de qualification pour l'après midi. Voilà qui perturbe notre planning et nous contraint à utiliser un pneu avant neuf mais nous savons que Pierre peut rouler au moins une demi-seconde plus vite en Q2.
L'évaluation du pneu soft sera donc réduite à cinq tours afin de préserver le pneu avant pour l'utilisation du pneu arrière de qualification. Pierre manque de grip sur l'angle, surtout dans la virages à droite, ce qui est très surprenant et révèle que nous sommes encore loin du réglage de base avec les pneus Dunlop.
Pierre s'élance ensuite avec son second pneu de qualification, il sera hélas gêné dans ses deux tours rapides et ne pourra pas faire mieux qu'un 1'36.4, un petit dixième de mieux. C'est insuffisant pour rester sur la troisième ligne, il partira de la treizième position sur la grille pour les deux courses mais les temps sont très serrés puisque seulement une demi-seconde sépare le 4ème pilote (l'Italien Fabrizio Perotti) du 16ème (l'Espagnol Yvan Silva), soit 13 pilotes dans la même demi-seconde !
Samedi, la première course de la saison.
Le mauvais feeling avec le pneu soft suite au manque d'essais nous fait opter pour le médium sur lequel nous avons davantage de recul.
Un départ de la cinquième ligne est toujours risqué. Pierre a développé une technique de départ vraiment très efficace et la distance importante entre la grille de départ et le premier virage va sans doute lui permettre de l'exploiter pleinement, si tout se passe bien autour de lui.
Le feu s'allume puis s’éteint très vite, c'est parti ! La différence d'impulsion avec ses concurrents proches est flagrante, il se fraye un chemin, tout se passe bien il est septième à la sortie du virage!
Pierre perd une place puis deux, nous le sentons mal à l'aise en entrée de virage, ses temps ne sont pas bons, quelque chose ne va pas…
Au fil des tours c'est la dégringolade au classement, à chaque tour on pense qu'il va pouvoir garder sa position mais ses chronos se dégradent encore et ses poursuivants sont toujours plus rapides que lui!
Nous n'avons jamais subi une telle situation, la course nous semble interminable, Pierre franchit la ligne en quatorzième position. A l'arrivée au parc fermé il est dans un état physique dans lequel nous ne l'avons jamais connu, son dos le fait atrocement souffrir, son bras gauche est tétanisé.
Il nous explique que la roue avant n'avait aucune adhérence et qu'il s'est crispé sur le guidon pour garder le contrôle, entraînant très vite des douleurs dans le bras gauche, qu'il a probablement compensé avec le dos. Sa course a été un calvaire, il ne pouvait plus bouger, chaque freinage était un véritable supplice.
Notre réglage n'est pas encore optimal et les limites sont proches, Nous avions bien noté qu 'un excès de pression du pneu avant avait des conséquences fâcheuses sur les sensations de Pierre mais nous n'avions jamais roulé avec cette température de piste et l'estimation que nous avons faite n'était hélas pas bonne.
Le pneu arrière médium manquait aussi de grip, il est des lors évident que le soft était un meilleur choix.
Dimanche, la seconde course.
La température de piste est similaire à celle de la première course. Le pneu soft est donc le choix le plus évident pour tous, sauf pour nous qui n'avons pas assez d'expérience pour décider des réglages.
Nous avons beau faire des calculs, nous ne savons pas quelle pression le pneu va prendre, ni à quelle pression il donnera le meilleur sur dix huit tours avec nos réglages. Il reste trop d'inconnues dans l'équation.
Pour le pneu avant en revanche nous profitons de l'expérience de la première course.
Nous voila en grille, toujours aussi loin. Il suffit « seulement » de refaire le même départ pour gagner plusieurs lignes. Et c'est chose faîte ! Encore un départ impressionnant avec des pilotes de la première ligne qui se retrouve derrière Pierre au 1er virage!
Cette fois il est dans le coup, dixième au premier tour il remonte vite sur ses prédécesseurs. Il passe Gregory Leblanc au freinage puis remonte comme une balle sur les deux Kawasaki officielles Speed Racing, il double les deux dans le même tour et creuse un écart d'une seconde au tour suivant en remontant sur Barragan, sixième.
Il tourne en 1'36.420, plus rapide qu'avec le pneu de qualification, et avec beaucoup d'essence !
Il subit un gros guidonnage à la chicane et sort de la piste, rendant deux places à ses adversaires directs mais il repart le couteau entre les dents.
Mais voila qu'il ralentit au tour d'après, ses poursuivants reviennent, Ponsson passe puis Leblanc, Silva est loin mais il revient. C'est à nouveau une course défensive, nous ne comprenons pas ce qu'il se passe.
Pierre parviendra à résister à Ivan Silva et à franchir la ligne en onzième position.
Mais que s'est-il encore passé ? La réponse est consternante, son nouveau sous-vêtement a fait un pli au niveau de l’avant bras droit ce qui a formé un garrot et a occasionné une perte de sensation et de contrôle. La main droite de Pierre est violette, il ne sent plus rien, nous ne comprenons même pas comment il a pu franchir la ligne d'arrivée devant Silva…
Tout rater pour un bout de tissu! chaque détail compte, c'est la dure loi du sport de haut niveau.
Nous repartons donc de Valence avec seulement sept points, une treizième place au championnat, c'est dur, les point perdus ne se rattrapent pas.
Les performances, en revanche sont bonnes, surtout sur un circuit ou Pierre ne brille habituellement pas. En effet une seconde et demi plus rapide qu'en Novembre dernier et seulement à 1'2 des temps en course réalisés par Carmelo Morales ; nous avons donc réduit pour l'instant de 8 dixièmes l'écart avec la tête de course par rapport à l'année passée.
Nous avons maintenant des données à étudier et nous pourrons optimiser nos réglages à Barcelone le week-end du 28 Mai.
Nous dédions ce premier week-end de la saison à Christel, l'une de nos plus fervente supportrice, qui nous a hélas quitté beaucoup trop tôt cette même semaine.
Nous remercions notre partenaire KART System, ainsi que nos partenaires techniques, LS2, Pam Racing, Team33 accessoires et Poupiz Performance.