Nous entamons la seconde partie de saison sur le tracé de Portimao. Pierre Texier est actuellement 6ème du classement général et première Kawasaki.
Lors de la dernière manche à Albacete nous avons encore progressé et enfin retrouvé nos chronos de la saison passée et terminé au pied du podium. Nous espérons bien continuer et l'atteindre au Portugal, un circuit très difficile que Pierre apprécie.
Jeudi, essais libres.
Le programme est habituel, redécouvrir le tracé, chercher des réglages avec les différentes gommes disponibles chez Michelin et évaluer la performance, la résistance etc.
Nous commençons en pneu dur avant, soft arrière et comme c'est maintenant notre habitude nous sommes tout de suite dans les bons temps.
Le circuit a été partiellement resurfacé, il y a des raccords d'asphalte avec des niveaux d’adhérence différents qui provoquent des réactions inattendues aux pilotes. Le grip est globalement bon, le pneu arrière tient sur la durée pour l'instant.
Les chronos descendent et Pierre améliore déjà son record personnel. Nous terminons la journée avec un test de pneu arrière extra soft qui s'avère intéressant.
Vendredi, essais libres.
Deux séances de quarante minutes pour continuer le travail de la veille et rester dans les temps des premières lignes.
La moto fonctionne bien et nous nous concentrons surtout sur le pilotage, Pierre fait un gros travail et les chronos descendent encore et encore.
La seconde séance est consacrée à comparer le soft et l'extra soft en terme de performance et d'usure. Pierre sort avec un soft presque neuf pour quelques tours puis rentre pour passer l'autre pneu, il se plaint d'être à la limite sur l'avant, sous entendu qu'il pourrait aller plus vite avec plus de grip à l'avant.
Dans son premier tour, sans forcer il fait un 47.2, a quelques dixièmes de Morales, mais lors du second tour il perd l'avant dans un cassure à droite rapide très bosselée, Pierre n'a rien mais la moto part en tonneaux sur la piste.
De retour au box le verdict est sans appel, l'avant de la moto est détruit, les freins, l’électronique et surtout le cadre est tordu!
Nous contactons Kawasaki Espagne qui remue ciel et terre pour nous trouver un châssis parmi les équipes espagnoles mais aucun n'est à une distance raisonnable.
Chaque chute est une loterie et nous savons bien qu'avec une seule moto tout peut s’arrêter si une pièce vient à manquer. Pierre ne peut pas rouler à fond comme les pilotes qui ont dix mécanos et autant de motos qu'il en faut. C'est ainsi.
C'est la mort dans l'âme que nous chargeons la machine dans le camion pour en sortir la moto de 2014.
Samedi, essais qualificatifs.
Le week-end repart à zéro pour nous mais nous sommes déjà en qualifications.
La moto est très différente de la nouvelle. Soit nous faisons des réglages, soit nous laissons Pierre rouler, le pilotage étant très difficile ici nous choisissons de privilégier le roulage, de plus nous devons réévaluer l'usure des pneus, la consommation…
Pierre est catastrophé quand il rentre au box, la moto ne lui convient pas du tout, il a des problèmes de frein, de boite de vitesse mais surtout les suspensions sont très dures, on ajuste les pressions des pneus et il termine la séance avec son chrono de l'an dernier. Il est huitième à 2.8 secondes de la pôle, bien loin de la première ligne que nous pouvions espérer la veille, c'est dur.
Pierre ne prend aucun plaisir à piloter cette moto et il appréhende les deux courses de 17 tours dans ces conditions.
Il ne s’agit pas de se tromper sur les réglages...il ne reste qu'une séance, avec le pneu extra soft à essayer.
La moto va mieux et Pierre commence à s'y faire, il manque de grip à l'arrière en pneu soft, c'est mieux avec l'extra soft et Pierre se classe sixième à 1.6 secondes de la pôle. Il retrouve un peu le sourire.
La moto tourne difficilement et Pierre a du mal à atteindre son frein arrière dans cette position. Le podium est encore jouable si nous parvenons à rendre la moto plus efficace.
Séance de réglages en tout genre, géométrie du châssis, position du pilote, démontage de la boite de vitesse, changement des plaquettes de frein, la soirée est bien occupée.
Dimanche, le warm-up et les courses .
Quinze minutes de warm_up pour voir ou nous en sommes dans le classement, sans prises de risque excessives bien sur. Le verdict n'est pas bon, Pierre manque de grip à l'avant et ça c'est très dommageable pour la performance.
Il est trop tard pour tester quoi que ce soit, nous repartons sur les réglages de la vieille, Pierre devra piloter une moto qui a du mal à tourner et manque de grip mais qui lui donne plus de confiance sur l'avant.
Il nous dit que la boite de vitesse fonctionne encore plus mal que la veille, les vitesses sautent, c'est catastrophique. Les pièces usées ayant été remplacées nous supposons que le changement de hauteur de selle requière un ajustement de la tringlerie. Heureusement il nous reste le tour de formation.
11 heures, la première course.
Pierre est en deuxième ligne à l'intérieur, sur la partie sale de la piste.
Le sélecteur de vitesse est trop haut, nous le réajustons sur la grille.
Il fait beau et chaud, pas assez pour l'extra soft nous partons en pneu soft. Nous ne savons pas trop dans que état il finira la course avec autant de patinage.
Pierre Texier plutôt prend un bon départ, un concurrent chute juste devant lui au troisième virage et il perd le contact avec la tête.
Il est quatrième et mène un groupe de cinq pilotes. Nous voyons à la télévision que sa moto bouge beaucoup. Il s'applique à distancer ses poursuivants mais Eeki Kuparinen, le finlandais profite des vingt chevaux supplémentaires de sa Kawasaki 2016 pour tenter un dépassement sur Pierre à chaque tour dans la ligne droite.
Pierre le contre au freinage mais c'est une aubaine pour les poursuivants qui du coup parviennent à rester dans le groupe.
Après un dizaine de tours à ce régime, Kuparinen, qui connaît très bien Pierre commence à tenter des dépassements à plusieurs endroits, profitant des trajectoires inhabituellement larges de Pierre en entrées de virages. Ils vont se doubler quatre à cinq fois par tour jusqu’à la fin de la course, Pierre parvenant toujours en tête dans la dernière ligne droite, parfois doublé sur la ligne par Eeki.
A trois virages de l'arrivée Kuparinen fait un passage en force, Pierre doit s'appuyer sur lui pour ne pas sortir de la piste, il est juste suffisamment distancé pour ne pas pouvoir le rejoindre sur la ligne qu'il franchit en cinquième position.
Une belle course, même si nous ne pouvons réprimer un sentiment de déception.
Le pneu soft n'était pas le bon choix, il en manque un morceau. Tout le monde a roulé en medium qui offre un meilleur grip, un pneu que nous n'avons même pas eu le temps d'essayer.
La vidéo de la première course est visionable ici.
15 heures, la seconde course.
La piste s'est réchauffée et nous choisissons de partir en pneu extra soft, plus performant à condition d'atteindre sa plage de température de fonctionnement.
Le vent se lève brutalement lorsque nous nous rendons sur la grille, voila qui ne va pas nous aider pour la température du pneu, ni pour la vitesse de pointe dans la ligne droite. Pierre a pour consigne de bien faire chauffer l'arrière au tour de chauffe, quitte à attendre plus longtemps le départ sur la grille.
Le feu passe au rouge et Pierre lâche l'embrayage ! Il s'arrête instantanément au moment ou le feu s’éteint pour donner le départ. Pierre part avec une demi seconde de retard sur les autres, son pire départ de sa courte carrière.
Pierre est dixième au premier virage, dans le paquet. Il passe la ligne du premier tour en septième position, il double Kuparinen et remonte sur un groupe de deux Kawasaki, Mac Fadden le sud africain, et Magalhes le portugais qui joue à domicile.
Il les double tous les deux à la fois au freinage de la ligne droite des stands, malgré un système de freinage bien moins performant, soit dit en passant. Le voila quatrième!
Nous craignons qu'il ne soit pénalisé pour son mouvement sur la grille d'un passage par les stands malgré le nouveau règlement qui stipule que si aucun avantage n'a été tiré du mouvement, aucune pénalité n'est appliquée. Après quatre tours l’écran de contrôle nous annonce « No Jump Start » ouf !
Pierre fait une petite erreur et Mac Fadden le repasse et prend même une seconde d'avance, le groupe en bagarre pour la sixième place recule d'une seconde par tour. Pierre respire un peu.
Pierre augmente le rythme et revient très vite sur Mac Fadden mais celui-ci abandonne sur un problème technique avant même que le combat ne débute.
Il est à nouveau quatrième. L'écart avec le troisième est stable à treize secondes, celui avec les poursuivants continue d'augmenter pour se stabiliser à huit secondes.
Le dépassement des attardés a faillit mal se terminer, les commissaires n'ayant pas agité le drapeau bleu au passage de Pierre mais il parvient à franchir la ligne en quatrième position.
La vidéo de la seconde course est visionable ici.
Nous faisons donc les mêmes résultats qu'à Albacete mais avec la vieille moto, quel dommage que nous n'ayons pu concrétiser avec la nouvelle.
Pierre Texier est désormais cinquième du championnat d'Europe Superbike, à un point du quatrième mais vingt trois points du troisième. Il reste trois course et le podium final est toujours possible mais il faudra que la chance tourne.
Une nouvelle course commence, pour trouver les pièces détachées, démonter, vérifier chaque composant, afin d'éviter les mauvaises surprises à Jerez dans un mois. Heureusement nous bénéficions du support de Kawasaki qui mettra, comme toujours, tout en œuvre pour que nous ayons les pièces à temps.
L'autre mauvaise surprise du week-end fut l'annonce de l'abandon par la fédération internationale du titre de championnat d'Europe pour notre catégorie en 2017. Nous n'avons pour l'instant aucune idée des impacts qu'aura cette décision sur le championnat, ni même à quel championnat nous participerons.
Nous remercions notre partenaire KART System, ainsi que nos partenaires techniques, LS2, Pam Racing, Louit moto et Poupiz Performance.